Trabalhan ambc l’occitan
Magali Montel-Fraisse
Enseignante Occitan / Français au Lycée Clemenceau de Montpellier
« La majorité de mon service se fait au lycée, mais je fais deux heures au collège. J’ai donc des élèves de tous âges. Il y en a qui me suivent de la sixième à la terminale. Je les vois arriver enfants et je les rends adultes. C’est quelque chose d’émouvant, d’intéressant, surtout qu’en occitan on a des petits effectifs et des rapports plus humains avec les élèves. »
J’ai beaucoup entendu lorsque j’étais petite mes deux grands-pères parler occitan
« Ils le parlaient surtout en dehors de la maison avec d’autres hommes. Pour moi c’était une langue plutôt masculine. Au lycée, j’ai choisi l’option occitan et je me suis rendu compte que la langue que l’on apprenait était celle que j’avais entendue dans mon enfance. Cela a été un éblouissement complet. Je me suis rendu compte qu’il y avait une culture commune, plus grande que moi, qui me reliait aux autres. J’ai été émerveillée en découvrant l’histoire, la civilisation, les troubadours, la littérature. On a un patrimoine littéraire considérable en occitan à toutes les époques. Aujourd’hui encore, il y a une grosse production littéraire. »
Le professeur d’occitan est un professeur actif
« L’occitan étant un enseignement optionnel, c’est toujours une matière voulue par les élèves. Je trouve que ça a beaucoup d’avantages. Pour les jeunes c’est une chance de pouvoir choisir. Le professeur d’occitan est un professeur actif, c’est-à-dire qu’à la différence des autres enseignants qui ont des élèves sans l’avoir demandé, il va chercher ses élèves, il fait de la communication, il rencontre les parents, il va dans les classes. Il est toujours en lien avec l’administration et s’implique dans la vie culturelle de l’établissement pour rendre sa matière visible.
Je fais beaucoup de projets, je m’investis en dehors de la classe. Par exemple l’année dernière j’ai participé avec une classe de français à un projet culturel qui s’appelle Clémenson. Il s’agit d’une visite sonore de l’établissement. Avec le téléphone, on flashe des QR Code disposés un peu partout et on peut visiter l’établissement en écoutant ce parcours sonore. Cette année, j’ai fait la même chose avec une classe d’occitan. D’ici peu de temps, on pourra donc visiter le lycée Clemenceau en français et en occitan. »
Ce qui me plaît le plus dans mon travail, ce sont les élèves !
« L’échange est toujours fructueux, et les élèves nous donnent beaucoup de leur jeunesse et de leur énergie. A priori, ils veulent, ils aiment et donc ça permet de créer des choses très positives. Par exemple, chaque année, avec mes classes d’occitan, je participe au concours de poésie occitane et catalane du rectorat. À chaque fois, on gagne un prix soit au collège, soit au lycée, soit les deux, et c’est toujours un grand bonheur. C’est vraiment une récompense qui me touche, car j’aime faire des ateliers d’écriture. Tout le monde est solidaire de tout le monde et quand un élève gagne un prix, c’est toute la classe qui gagne. Je suis très fière de ça. Moi je favorise, tout ce qui revient dans la vie, tout ce qui est vivant, tout ce qui fait qu’on ne va pas être dans quelque chose qui est passéiste. Je fais en sorte que l’occitan soit une langue d’activité, de communication, une langue vivante. »
La plus-value c’est le savoir être
« La plus-value pour un élève qui suit un cours d’occitan est au niveau de l’être, on apprend des savoirs, des savoir-faire, on apprend à faire une dissertation, faire un commentaire, s’exprimer à l’oral, à s’exprimer à deux, mais moi ce qui m’importe le plus, c’est le savoir être, c’est ce que l’on est. L’occitan a cela de plus que les autres, il nous apprend des choses sur ce que l’on est. Quand on travaille sur les valeurs véhiculées par la littérature du Moyen-Âge occitan comme par exemple la larguesa, cette générosité, cette propension à donner, ou l’amour, les jeunes s’y reconnaissent. L’amour, c’est fondamental pour tout le monde et l’amour c’est la valeur qui a été chantée au 12e siècle dans le monde occitan par les troubadours. »
Patience et goût des autres !
« Les qualités nécessaires pour enseigner sont la patience et le goût des autres. Il faut aussi avoir des qualités un peu rationnelles pour construire quelque chose, pour amener les gens où on veut qu’ils aillent, pour construire un apprentissage. Il faut s’intéresser aux sciences cognitives et être rigoureux dans sa façon de travailler, faire une chose à la fois. Si on veut faire apprendre quelque chose, il ne faut pas tout faire d’un coup, mais savoir se donner des priorités. »